La presque ile de Crimée doit à sa situation géographique particulière d'avoir vu les grecs s'établirent à Chersonèse au 5 ème siècle, les Scythes, les Sarmates et les marchands génois. Puis elle deviendra un enjeu entre les puissances slaves et Ottomane.
Cette rivalité débute probablement quand les Mongols lors de l'épopée de Gengis Khan conquirent la Rous Kiévienne qui deux siècles plus tard passera aux mains de leurs descendants les Tatars. Ils domineront la Crimée pendant 300 ans. Devenu indépendante en 1428, elle deviendra rapidement vassale de l'empire Ottoman.
En 1774, Catherine II de Russie oblige l'Empire Ottoman à reconnaitre l’indépendance de la presqu’île. Neuf ans plus tard, elle annexe le territoire qu’elle a rendu indépendant. Elle y implante des colons russes et ukrainiens à côté des Tatars qui formaient la majorité de la population.
< plaque commémorative signée “Ekaterina”
En 1825 le tsar Nicolas Ier poursuit la même logique que ses prédécesseurs dans la recherche d'une ouverture du pays sur les mers chaudes. En effet l'essentiel des échanges se font par voies fluviales et maritimes, les voies terrestres russes étant peu praticables.
Depuis le début du siècle la décadence de la puissance ottomane est un état de fait. Et il y a une opposition radicale entre le Royaume-Uni et la Russie quant à l’avenir des territoires qui la composent. Le tsar Nicolas Ier souhaite établir sa domination sur la plus grande partie de la péninsule balkanique et s’assurer le contrôle des détroits afin d’obtenir ce débouché sur la Méditerranée. Or cette ambition expansionniste se heurte aux intérêts de la Grande-Bretagne,qui entend maintenir le contrôle de la route des Inde par le Proche-Orient, et pour ce faire préserver l’intégrité de l’Empire Ottoman .
Il fera occuper deux petits territoires, la Moldavie et la Valachie, en juillet 1853. Le sultan Ottoman qui est le suzerain de ces territoires ne peut que lui déclarer la guerre.
Le Royaume-Uni, qui a poussé le gouvernement ottoman à la résistance, ne peut rester les bras croisés devant une agression dont le but évident est d’assurer à la flotte russe la clé de la Méditerranée orientale. Mais il souhaite ne pas agir seul et s’efforce d’entrainer la France dans l’aventure.
Napoléon III voit dans l’entreprise un triple avantage : Une gloire militaire qui renforcerait son image, une nouvelle place pour la France qui est ressortie amoindrie du traité de Paris (faisant suite à la défaite de Waterloo en 1815) et un affaiblissement de l'un des gardiens de ce traité.
Après des pourparlers infructueux avec le Tsar, en mars 1854 la France et L'Angleterre s'unissent au royaume Ottoman. Et envoient un corps expéditionnaire d'abord aux Dardanelles puis une opération de débarquement est organisée en septembre 1854 en baie d'Eupratoria à une cinquantaine de km à l'est de Sébastopol.
colonne de l’aigle >
L’inertie dans le haut commandement allié, tout au long de ce conflit est aussi bien caractéristique chez les Français que les Britanniques. En effet ils sont persuadés que la guerre sera courte et que les russes n'opposeront pas une forte résistance. De nombreuses occasions seront ainsi manquées...Le choléra et le scorbut s'installent et causent des milliers de morts.
Ce n'est que le 7 septembre 1855 que le général Mac Mahon attaque et prend le fort de Malakoff (principal ouvrage défensif de Sébastopol) causant le départ immédiat des troupes russes.
Le Tsar Nicolas I est mort le 2 mars 1855 et c'est son fils Alexandre II qui acceptera les conditions des puissances occidentales.
La Crimée restera cependant étroitement liée à la monarchie russe et elle résistera à la révolution d'octobre jusqu'en 1920.
Elle paya un lourd tribu durant la seconde guerre mondiale. Puis,Staline obnubilé par la crainte des nationalismes fera déporter les derniers Tatars de Crimée. Un mouvement pacifique pour le rapatriement des Tatars existe actuellement.
Lors de l'effondrement de l'URSS, la question du contrôle de la région s'est posée entre la Russie et l'Ukraine, du fait de la présence de la flotte russe en mer noire. Un moratoire autorise cette présence jusqu'en 2017.
La saga familiale comporte un volet Crimée, et un objet que je détiens en aurait été rapporté par un militaire du corps expéditionnaire de 1854. C'est donc dans la continuation de cette saga que je vais parcourir ce petit territoire. Sur les traces d'un lointain familier.
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