IRBIT (2 aout)

 

Je me réveille tôt et il pleut. Voyager c'est aussi prendre le thé du matin avec une salade de betteraves bien rouge, choisie au hasard sur la carte qu'on ne sait pas traduire. Le « Kafé » où je m'arrête est un peu glauque et j'observe les autres rescapés de la nuit au regard vague devant leur plat qui refroidit. La serveuse blonde a la trentaine en train de s'alourdir. Elle a cette résignation coléreuse de celle qui sait que son avenir ce n'est que cela, devant cette plate forme boueuse d'où démarrent des camions. Un jour elle se laissera prendre par un qui n'aura que le même horizon qu'elle. Je songe à « la condition humaine ».

Et à nouveau la route et ses arrêts. En levant le capot du moteur je découvre qu'une vis qui tient le capot sur la charnière gauche est partie. Par bonheur elle est restée coincée derrière le servo-frein. Un coup de clé de 12 et voilà un bruit de moins...

J'arrive en fin de matinée à Irbit, ville intéressante, car c'est là que sont construites les légendaires motos « Oural » . J'ai un attachement particulier pour ces machines depuis que nous avons parcouru le Kirghizistan (avec Motoland) au guidon de modèles qui dataient de 1985.

Je trouve, avec l'aide d'un taxi, l'unique gostinitsa de la ville où une chambre coûte 900 roubles (22€5), mais l'eau courante ne fonctionne pas. Il y a des travaux de réfection. Ce sera douche avec une bouteille.

Et je me rends au musée de la moto qui est un espace de petites dimensions derrière les bâtiments de ce qui fut une grande usine. (N 57°39.787 E063°05.263) Ce musée est assez éclectique, car on y trouve une Harley de 1945, une Royal Enfield et deux BSA ! Mais pour le reste toute l'histoire des Oural est là.

Les machines exposées sont dans un superbe état avec des fiches explicatives en russe et en anglais. Il faut rappeler que dans les années 40, ces machines ont été conçues pour un usage militaire. Elles s'inspiraient directement de la BMW R 71 bicylindre à plat, mise au point en Allemagne.

Le démarrage s'effectue au kick et il y a une marche arrière (petit levier à main droite en bas en arrière).

Elles ont connu plus tard des versions sportives avec un « singe » sur le panier ! Puis les versions civiles qui reprenaient la même base châssis et moteur ont été largement diffusées. Et on trouve ces motos sur toutes les routes d'Asie. J'en ai vu en Mongolie, mais j'en ai également vu en Chine. Ces motos ont ensuite évolué vers une version « bikker » à mon sens moins typée, mais plus moderne techniquement.

Et comme toujours dans les musées russes il y a beaucoup de monde qui visite.

Je demande à visiter l'usine de fabrication (photo ci-contre) et ma demande remonte la voie hiérarchique. On m'amène jusqu'à l'entrée de l'usine. Mais ce n'est plus le temps de la splendeur, j'ai l'impression que l'usine est en difficultés. Finalement après plusieurs atermoiements, en fin d'après-midi, une secrétaire me dira que la visite n'est pas possible.

La ville est assez surprenante, car il y a bien quelques constructions neuves, mais dans l'ensemble j'ai l'impression que c'est une ville sur le déclin. Je traverse un quartier dont les façades de deux étages ont du être agréables, mais tout est fermé. Une église a été annexée à une usine qui a l'air de tomber en ruine.

 

 

Il reste en centre ville des façades bien proportionnées et colorées et une église en bois neuve en limite d'un quartier récent. Pourtant cette ville a du charme, une tranquillité qui se ressent sur l'immense place centrale dominée par le statue du maréchal Joukov et bordée par les bustes des personnages illustres de la cité.

Et bien sur de nombreuses « Oural » continuent de parcourir les rues de cette petite ville.