lundi 18 mai 2015

Le corps expéditionnaire Russe en france durant la premiere guerre


Le corps expéditionnaire russe en France durant la première guerre.

La Première Guerre mondiale s’est étendue sur 51 mois, du 1er août 1914 au 11 novembre 1918. Le conflit a concerné, pour des durées variables, quatre fronts sur le sol de l’Europe :

le front Ouest, où se dérouleront les affrontements décisifs,
le front Est, avec la Russie, qui bénéficiera d'une paix séparée suite à la révolution russe de 1917,
le front italien, dans les Alpes,
le front des Balkans, face à l’Empire Ottoman.

Le 4 août 1914, 44 divisions allemandes traversent la Belgique et tentent de prendre à revers les armées françaises, concentrées au nord-est du pays, notamment en Lorraine. Cependant, malgré l’effet de surprise, et au prix de terribles pertes, l’armée française – avec une aide encore limitée du Corps expéditionnaire britannique fait face à l’assaut et se replie sans s’effondrer, dans les grandes plaines situées au nord de Paris.

Lors de la première bataille de la Marne, début septembre 1914, les Français, dans un ultime sursaut, arrêtent la poussée allemande à 40 km de la capitale. Le 9, l’armée allemande entreprend un repli de 60 km vers le nord, sur une ligne de défense établie le long de l’Aisne. Cette décision marque l’échec du Plan Schlieffen qui visait à la capture de Paris et à la destruction de l’armée française. C’est le premier signe majeur que la guerre ne sera pas conclue à brève échéance, et qu’un affrontement massif est engagé sur le long terme.

À partir de la fin de septembre, les deux camps entreprennent, à partir de la vallée de l’Aisne, ce que l’on appelle la « course à la mer » : il s’agit de tenter de tourner le flanc de l’ennemi avant qu’il n’ait pu renforcer sa ligne de défense. Une dernière tentative de percée allemande est stoppée, fin octobre, près d’Ypres, par des unités françaises et britanniques. Epuisés, les deux camps commencent à se retrancher derrière une ligne continue de tranchées et d’ouvrages défensifs.

A la fin de l’année 1914, les armées belges, anglaises et françaises ont déjà perdu plus d’un million d’hommes, principalement des Français. Une bataille comme celle de la Marne, qui se déroule du 6 au 9 septembre 1914, représente plus de 80.000 morts dans les rangs français.10 % de ses officiers sont hors de combat.

Dès juillet 1915, toutes les classes de 1887 à 1913 et les jeunes classes 14-15-16 sont mobilisables.

Pendant l’essentiel de la guerre de position, de la fin de 1914 à la fin de 1917, les commandants en chef des armées alliées sur le front Ouest, le maréchal Joffre du côté français, et le Field Marshal French – puis son successeur le général Haig – sont persuadés que la seule solution pour chasser les Allemands des territoires qu’ils occupent en France et en Belgique consiste à mener des actions offensives répétées, au prix de lourdes pertes.

La tactique du « grignotage » est très coûteuse en homme et les Alliés se rendent compte qu’il faut
s’adapter au nouveau visage de la guerre (réorganisation de l’artillerie, coopération interalliée...).

Le général Joffre, profitant du discrédit des dirigeants politiques qui avaient quittés Paris, organise le 5 décembre 1915, à Chantilly, où il a installé son quartier général une conférence pour la planification des opérations de 1916. Il y accueille les chefs d'états major French pour la grande Bretagne, Gilinsky pour la Russie,Porro pour l'Italie, Wielemans pour la Belgique et Stephanovic pour la serbie.


Lors de cette conférence un mémoire confidentiel intitulé « comment créer une réserve d’infanterie russe en France » est examiné.

En effet, il y a en Russie, une masse considérable de soldats mobilisables (estimé à 5 millions) que le gouvernement du tsar ne peut armer, l'industrie russe étant incapable de fournir suffisamment de fusils, de mitrailleuses ou de canons pour ces millions d'hommes en âge de porter les armes. On parle alors du "réservoir russe" dans lequel il suffirait de puiser. À la demande de Joffre, une délégation conduite par le sénateur Paul Doumer est envoyée à Pétrograd pour rencontrer le tsar Nicolas II . sa mission est d'obtenir un corps expéditionnaire russe qui viendrait renforcer le front de l'ouest.

En décembre 1915 de Nicolas II promet l'envoi d'un corps expéditionnaire russe en France.

Ces troupes seront à la disposition du gouvernement français et engagées en tant qu'unités constituées avec encadrement russe complété par des instructeurs français. Le 13 février 1916, la 1ère brigade russe constituée (2 régiments), quitte Moscou par le transsibérien et arrive en Mandchourie à Dairen le 28 février, d'où elle embarque pour la France sur des navires français.

Le LATOUCHE-TREVILLE était  un paquebot mixte. C'est lui qui amena en Avril 1916, avec l'HIMALAYA  des soldats russes d'extrême-orient jusqu'à Marseille.
 
Le 11 avril elle débarque à Marseille où un accueil triomphal lui est réservé. Installée au camp Mirabeau puis à Mailly en Champagne, elle est instruite et équipée par l'armée française. Une seconde brigade (la 3e) débarque à Brest et une troisième (la 2e) est mise à disposition de l'armée d'Ouest à Salonique. A l'automne 1916, 745 officiers et 43.547 soldats russes sont engagés en France et Macédoine aux cotés des Alliés. 


Malgré les troubles de la Révolution Russe de février 1917, ces brigades feront partie de l'offensive Nivelle où elles s'illustreront par la prise de lignes ennemies et de la position fortifiée du Mont Spin aux prix de lourdes pertes. Les soldats russes des 1ère et 4e brigades étaient affectés à la défense de Reims, notamment au fort de la Pompelle qui en constituait la clé de voute. Lors de l'offensive Nivelle, les Russes ont été chargés de reprendre le secteur de Courcy au nord de Reims qui était aux mains des Allemands depuis le début de la guerre. Le 16 avril 1917, les soldats du Tsar enlèvent la position tenue par les Allemands dans des combats meurtriers où près de 3.000 Russes sont mis hors de combat, dont 700 tués.

Mais l 'indiscipline et l'insubordination s'installent dans les 2 brigades russes et l'État-major français déjà embarrassé par les contestations et les mutineries qui paralysent l'armée décide, de les isoler au camp de la Courtine près de Limoges. La 1e brigade russe s'y révolte au mois de juillet 1917.

Cette mutinerie sera combattue par la 3e brigade russe restée fidèle à l'armée française, et le camp de la Courtine investi le 16 septembre.

Finalement, le gouvernement français répartit les contingents russes en 3 catégories:

Ceux restés loyaux à l'armée française et qui acceptèrent de combattre, sans soviets et sous commandement russe, constitueront la légion russe, qui va se battre avec honneur dans les dernières batailles de 1918.

Ceux qui acceptent d'êtres travailleurs volontaires. Et enfin ceux refusant de combattre et de travailler, qui seront transportés en Afrique du Nord, avec travail imposé. Par ailleurs la brigade d'infanterie destinée par le gouvernement russe à l' armée d'Orient subit les mêmes troubles que ses consoeurs en France et finira son parcours en Tunisie avec travail imposé.

La plupart des Russes morts pour la France sont enterrés dans la nécropole de Saint-Hilaire-le-Grand, bordée d'une chapelle orthodoxe.

Un mémorial aux soldats du Corps expéditionnaire russe qui ont combattu en France lors de la Première guerre mondiale a été inauguré à Courcy en présence du ministre russe de la Culture Vladimir Medinski le 26 avril 2015. Créée par le sculpteur Alexander Taratynov, l'oeuvre figure un soldat russe tenant dans ses bras une fillette française et un ours en peluche en référence à l'ours Michka, la mascotte du Corps expéditionnaire.


"La Russie et la France ont été des pays alliés lors des deux guerres les plus terribles dans l'histoire de la civilisation, la Première et la Seconde Guerres mondiales (…) Nous gardons la mémoire des pilotes français qui ont combattu dans les rangs du régiment Normandie-Niemen et nous sommes reconnaissants aux Français de garder la mémoire de nos soldats", a indiqué le ministre .