Le corps
expéditionnaire russe en France durant la première guerre.
La Première Guerre
mondiale s’est étendue sur 51 mois, du 1er août 1914 au 11
novembre 1918. Le conflit a concerné, pour des durées variables,
quatre fronts sur le sol de l’Europe :
le front Ouest, où
se dérouleront les affrontements décisifs,
le front Est, avec la
Russie, qui bénéficiera d'une paix séparée suite à la révolution
russe de 1917,
le front italien,
dans les Alpes,
le front des Balkans,
face à l’Empire Ottoman.
Le 4 août 1914, 44
divisions allemandes traversent la Belgique et tentent de prendre à
revers les armées françaises, concentrées au nord-est du pays,
notamment en Lorraine. Cependant, malgré l’effet de surprise, et
au prix de terribles pertes, l’armée française – avec une aide
encore limitée du Corps expéditionnaire britannique fait face à
l’assaut et se replie sans s’effondrer, dans les grandes plaines
situées au nord de Paris.
Lors de la première
bataille de la Marne, début septembre 1914, les Français, dans un
ultime sursaut, arrêtent la poussée allemande à 40 km de la
capitale. Le 9, l’armée allemande entreprend un repli de 60 km
vers le nord, sur une ligne de défense établie le long de l’Aisne.
Cette décision marque l’échec du Plan Schlieffen qui visait à la
capture de Paris et à la destruction de l’armée française. C’est
le premier signe majeur que la guerre ne sera pas conclue à brève
échéance, et qu’un affrontement massif est engagé sur le long
terme.
À partir de la fin de
septembre, les deux camps entreprennent, à partir de la vallée de
l’Aisne, ce que l’on appelle la « course à la mer » : il
s’agit de tenter de tourner le flanc de l’ennemi avant qu’il
n’ait pu renforcer sa ligne de défense. Une dernière tentative de
percée allemande est stoppée, fin octobre, près d’Ypres, par des
unités françaises et britanniques. Epuisés, les deux camps
commencent à se retrancher derrière une ligne continue de tranchées
et d’ouvrages défensifs.
A la fin de l’année
1914, les armées belges, anglaises et françaises ont déjà perdu
plus d’un million d’hommes, principalement des Français. Une
bataille comme celle de la Marne, qui se déroule du 6 au 9
septembre 1914, représente plus de 80.000 morts dans les rangs
français.10 % de ses officiers sont hors de combat.
Dès juillet 1915, toutes
les classes de 1887 à 1913 et les jeunes classes 14-15-16 sont
mobilisables.
Pendant l’essentiel de
la guerre de position, de la fin de 1914 à la fin de 1917, les
commandants en chef des armées alliées sur le front Ouest, le
maréchal Joffre du côté français, et le Field Marshal French –
puis son successeur le général Haig – sont persuadés que la
seule solution pour chasser les Allemands des territoires qu’ils
occupent en France et en Belgique consiste à mener des actions
offensives répétées, au prix de lourdes pertes.
La tactique du «
grignotage » est très coûteuse en homme et les Alliés se rendent
compte qu’il faut
s’adapter au nouveau
visage de la guerre (réorganisation de l’artillerie, coopération
interalliée...).
Le général Joffre,
profitant du discrédit des dirigeants politiques qui avaient quittés Paris, organise le 5 décembre 1915, à Chantilly, où il a installé
son quartier général une conférence pour la planification des
opérations de 1916. Il y accueille les chefs d'états major French
pour la grande Bretagne, Gilinsky pour la Russie,Porro pour l'Italie,
Wielemans pour la Belgique et Stephanovic pour la serbie.
Lors de cette conférence
un mémoire confidentiel intitulé « comment créer une réserve
d’infanterie russe en France » est examiné.
En effet, il y a en
Russie, une masse considérable de soldats mobilisables (estimé à
5 millions) que le gouvernement du tsar ne peut armer, l'industrie
russe étant incapable de fournir suffisamment de fusils, de
mitrailleuses ou de canons pour ces millions d'hommes en âge de
porter les armes. On parle alors du "réservoir russe"
dans lequel il suffirait de puiser. À la demande de Joffre, une
délégation conduite par le sénateur Paul Doumer est envoyée à
Pétrograd pour rencontrer le tsar Nicolas II . sa mission est
d'obtenir un corps expéditionnaire russe qui viendrait renforcer le
front de l'ouest.
En décembre 1915 de
Nicolas II promet l'envoi d'un corps expéditionnaire russe en
France.
Ces troupes seront à la
disposition du gouvernement français et engagées en tant qu'unités
constituées avec encadrement russe complété par des instructeurs
français. Le 13 février 1916, la 1ère brigade russe constituée (2
régiments), quitte Moscou par le transsibérien et arrive en
Mandchourie à Dairen le 28 février, d'où elle embarque pour la
France sur des navires français.
Le 11 avril elle débarque à
Marseille où un accueil triomphal lui est réservé. Installée au
camp Mirabeau puis à Mailly en Champagne, elle est instruite et
équipée par l'armée française. Une seconde brigade (la 3e)
débarque à Brest et une troisième (la 2e) est mise à disposition
de l'armée d'Ouest à Salonique. A l'automne 1916, 745 officiers et
43.547 soldats russes sont engagés en France et Macédoine aux cotés
des Alliés.
Le LATOUCHE-TREVILLE était un paquebot mixte. C'est lui
qui amena en Avril 1916, avec l'HIMALAYA des
soldats russes d'extrême-orient jusqu'à Marseille. |
Malgré les troubles de
la Révolution Russe de février 1917, ces brigades feront partie de
l'offensive Nivelle où elles s'illustreront par la prise de lignes
ennemies et de la position fortifiée du Mont Spin aux prix de
lourdes pertes. Les soldats russes des 1ère et 4e brigades étaient
affectés à la défense de Reims, notamment au fort de la Pompelle
qui en constituait la clé de voute. Lors de l'offensive Nivelle, les
Russes ont été chargés de reprendre le secteur de Courcy au nord
de Reims qui était aux mains des Allemands depuis le début de la
guerre. Le 16 avril 1917, les soldats du Tsar enlèvent la position
tenue par les Allemands dans des combats meurtriers où près de
3.000 Russes sont mis hors de combat, dont 700 tués.
Mais l 'indiscipline et
l'insubordination s'installent dans les 2 brigades russes et
l'État-major français déjà embarrassé par les contestations et
les mutineries qui paralysent l'armée décide, de les isoler au camp
de la Courtine près de Limoges. La 1e brigade russe s'y révolte au
mois de juillet 1917.
Cette mutinerie sera
combattue par la 3e brigade russe restée fidèle à l'armée
française, et le camp de la Courtine investi le 16 septembre.
Finalement, le
gouvernement français répartit les contingents russes en 3
catégories:
Ceux restés loyaux à
l'armée française et qui acceptèrent de combattre, sans soviets et
sous commandement russe, constitueront la légion russe, qui va se
battre avec honneur dans les dernières batailles de 1918.
Ceux qui acceptent
d'êtres travailleurs volontaires. Et enfin ceux refusant de
combattre et de travailler, qui seront transportés en Afrique du
Nord, avec travail imposé. Par ailleurs la brigade d'infanterie
destinée par le gouvernement russe à l' armée d'Orient subit les
mêmes troubles que ses consoeurs en France et finira son parcours en
Tunisie avec travail imposé.
La plupart des Russes
morts pour la France sont enterrés dans la nécropole de
Saint-Hilaire-le-Grand, bordée d'une chapelle orthodoxe.
Un mémorial aux soldats
du Corps expéditionnaire russe qui ont combattu en France lors de la
Première guerre mondiale a été inauguré à Courcy en présence
du ministre russe de la Culture Vladimir Medinski le 26 avril 2015.
Créée par le sculpteur Alexander Taratynov, l'oeuvre figure un
soldat russe tenant dans ses bras une fillette française et un
ours en peluche en référence à l'ours Michka, la mascotte du
Corps expéditionnaire.
"La Russie et la France ont été
des pays alliés lors des deux guerres les plus terribles dans
l'histoire de la civilisation, la Première et la Seconde Guerres
mondiales (…) Nous gardons la mémoire des pilotes français qui
ont combattu dans les rangs du régiment Normandie-Niemen et nous
sommes reconnaissants aux Français de garder la mémoire de nos
soldats", a indiqué le ministre .