Il y a environ 640 km entre Novossibirsk et Omsk. Je pars (photo ci-contre) sous une pluie froide, et je mettrai une journée pour parcourir cette distance.
A l'arrivée à Omsk je serai accueilli par Roxy qui fait partie de la poignée de français qui habitent cette ville et qui me consacrera du temps pour visiter la ville. Merci de sa gentillesse et de son accueil.
Dostoïevski
Omsk est connu par les écrits de Dostoievski (1821-1881) qui y fut exilé. Sa statue orne l'un des magnifiques jardins de cette ville. Elle représente un homme triste mais non abattu.
En effet Dostoïevski est arrêté et emprisonné en avril 1849 avec les membres du cercle « Petrachevski » en raison de l'opposition de ce groupe à l'autocratie ou au servage. Condamnés à la peine de mort, ils subirent un simulacre d'exécution sur la place Semenov le 22 décembre 1849, le Tsar Nicolas 1er les ayant graciés et ayant commué leur peine en exil et déportation dans un bagne de Sibérie.
C'est ainsi que Dostoïevski vécut 4 ans à Omsk à partir de 1850. Il purgera sa peine en partageant sa vie avec des forçats de droit commun. Les punitions corporelles lui seront épargnées grâce à l'intervention du dernier commandant de la place forte, M. de Grave, un officier d'origine française. Enfin, à partir de 1854, il sera affecté comme officier à un régiment de Sibérie.
Les sombres souvenirs de cette période du bagne d'Omsk se retrouveront en 1862 dans « Les carnets de la maison morte », puis en 1866 dans le célèbre roman « Crime et châtiment », dont l' épilogue se déroule sur les bords de l'Irtych. (photo ci-dessous, maison où il fut emprisonné)
Dans les baraquements, Dostoïevski partage sa vie avec des forçats de droit commun, il écrit dans sa correspondance : « Je n'ai pas perdu mon temps : j'ai appris à bien connaitre le peuple russe, comme peut-être peu le connaissent ». Ce qui oblige l'intellectuel de salon qu'il était à commencer son évolution : « J'étais coupable, j'en ai pleine conscience... J'ai été condamné légalement et en bonne justice... Ma longue expérience, pénible, douloureuse, m'a rendu ma lucidité... C'est ma croix, je l'ai méritée... Le bagne m'a beaucoup pris et beaucoup inculqué. » Il rencontre au bagne « les hommes les plus richement doués, les plus forts de tout notre peuple... », et se rapproche ainsi du « peuple russe » orthodoxe, rapprochement qui allait nourrir plus tard son mysticisme slavophile.
L’ extraordinaire histoire de la cathédrale Uspenski:
La construction de la première cathédrale de la Dormition (успенски), conçue sur le modèle des églises russes du 17ème siècle, a commencé le 16 juillet 1891. Ses fondements ont été posés par le futur empereur Nicolas II de Russie. Elle occupait une superficie de 1518m2, la hauteur de son clocher atteignait 44m, la hauteur de la croix 3m, le diamètre du dôme 15m.
En 1918, à la suite d'une révolte des habitants d'Omsk contre le nouveau pouvoir bolchevique, l'archevêque Sylvestre fut emprisonné puis fusillé en 1920. En 1923 la cathédrale a été fermée et mise sous le contrôle de l'État soviétique. Les cloches sont fondues. En 1935 le bâtiment a été démoli à l’aide d'explosifs.
En 2005, la décision de reconstruction à l'identique est émise par les autorités religieuses du diocèse d'Omsk avec l'appui du gouverneur de l'oblast. La cathédrale a été reconstruite grâce aux dons recueillis auprès des habitants de la ville. Elle a été ouverte au culte en 2007
Elle abrite depuis le 25 février 2009 la châsse contenant les reliques du martyr Sylvestre.
Rue Lénine, anciennement Perspective Lioubinski/Gasfordski
Lioubov Fiodorovna Gasford, épouse de G.K. Gasford, général - gouverneur de la Sibérie de l'ouest est immortalisée, assise sur un banc dans le parc où elle aimait se promener, près de l'ancienne forteresse, endroit par la suite affectueusement appelé "le Bois de Liouba". Souvenir empreint de romantisme d'une jeune femme sensible et douce, appréciée de la population, morte en 1852 à l'âge de 23 ans. Souvenir plein d'humour, car en face d’elle, de l'autre coté de la rue, l'admire en secret un certain Stepan qui émerge de sa bouche d'égout... Statuaire qui permet d’apprécier, une fois de plus, la virtuosité des fondeurs russes.
Anastassia Larionova
Un jardin occupe le territoire de l'ancienne forteresse. Perdu au milieu des allées, à peine surélevé, de taille humaine – contraste étonnant par rapport au gigantisme habituel de la statuaire officielle ! - un monument d'un apparente simplicité attire l'attention : une femme, sobrement vêtue d'une longue robe paysanne, coiffée du traditionnel fichu, pieds nus, son chien assis à côté d’elle, Anastassia Larionova est représentée dans une attitude douloureuse, digne, très émouvante. Derrière elle, 7 petits bouleaux représentent ses 7 fils tombés au front pour défendre la mère-patrie lors de la guerre 1941-1945. Un poignant hommage rendu, à travers elle, à toutes les mères et à la mère-patrie.
L'amiral Koltach
J'ai déjà cité le nom de l'amiral Koltach qui était un ministre de la coalition anti-Lenine d'Omsk. Cet ancien héros connu pour ses explorations en arctique fit saisir d'énormes sommes d'argent et d'or qui arrivaient par train et barges avec des agents tsaristes qui fuyaient les bolchéviques. Cet argent lui permit de financer des achats d'armes et de tenter d'organiser une opposition. Omsk connut en 1918-19 grâce à cet argent, une année d'extravagances alors que le reste de la Russie mourrait de faim ! Après quelques succès les troupes de Koltach durent se replier sur Irkoust. Où finalement Koltach fut capturé et fusillé.
jardins de l’ancienne forteresse | préparation de la fête | |
Fontaine et porte Tarskaia | Saint Nicolas et auditorium | |
école des Cadets |
Fête des marins