lundi 15 août 2011

TANAÏS (15 août)

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Je quitte Azov et repars vers Rostov-sur-le-Don que je vais contourner par l'ouest pour me diriger vers la frontière avec l'Ukraine. Ce parcours me donne à nouveau l'occasion de franchir le Don et de constater la présence d'une importante flotte marchande en attente de débarquement.

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Sur la partie nord de la mer d'Azov, en 1961 à la faveur de la construction d'une ligne de chemin de fer on découvrit les restes d'une cité ancienne. Les fouilles archéologiques révèlent un grand centre commercial entre les Grecs et les Scythes, implantés dans les steppes au nord de l'embouchure du Don, du 5 ème au 3 ème siècle AvJC. A ce centre a succédé la ville grecque de Tanaïs jusqu'au premier siècle avant notre ère. Une nécropole de plus de 300 tumulus à proximité de la ville antique montre que le site était déjà occupé à l'âge du bronze. Les inhumations sous tertre ont continué du temps des grecs puis du temps des Romains.

Les historiens considèrent que du 3ème siècle AvJC au 5ème siècle ApJC le fleuve Tanaïs marquait une frontière de la culture occidentale dont la ville de Tanaïs était à l'est la place la plus avancée.

08-15 Tanais 036RT 800XTanaïs fut un centre commercial et artisanal qui de par sa position extrême joua un rôle important dans le développement des contacts avec les tribus nomades. Un syncrétisme culturel original prit naissance en empruntant des éléments à la culture grecque et des éléments aux cultures locales ou asiates. C'est un exemple unique de la juxtaposition de deux cultures sur un même lieu sur une longue période.

Il était concrétisé par une double administration locale pour les grecs et pour les Tanates;

Le fleuve Tanaïs nous est connu par plusieurs sources écrites. Je ne citerai que Flavius Josephe, historien romain du 1er siècle (1), le géographe et historien grec Strabon qui vécut de 58 avant notre ère à 25 après et écrivit une géographie universelle en 17 livres (2) : le livre des Jubilés, ouvrage biblique pseudépigraphique, qui fut écrit entre 150 et 110 avant notre ère (3) . On remarquera l’importance accordée dans ce livre au fleuve Tanaïs en tant que frontière entre de nombreux peuples.

Les fouilles ont dégagé un important matériel. Notamment les amphores ont permis une traçabilité des liens commerciaux qui existaient avec les villes occidentales.

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1 Flavius Josephe, Antiquités Judaïques, Livre 1 Chapitre 6

Les enfants de Noé eurent des fils qu'on honora en donnant leurs noms aux pays où l'on venait s'établir. Japheth, fils de Noé, eut sept fils ; ils commencèrent à habiter depuis les monts Tauros et Amanos et s'avancèrent en Asie jusqu'au fleuve Tanaïs et en Europe jusqu'à Gadeïra (Cadix), occupant le territoire qu'ils rencontraient et où personne ne les avait précédés ; ils donnèrent leurs noms à ces contrées.

(extrait de http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda1.htm , texte numérisé et mis en page par François-Dominique FOURNIER )


2 Strabon, Géographie (XI, 2), présentation de la Méotide et de la Colchide

“Le Tanaïs vient du nord, mais il n'est pas vrai, comme on le croit généralement, qu'il coule juste à l'opposite du Nil, sous le même méridien : celui sous lequel il coule est plus oriental que le méridien du Nil. Toute l'analogie qu'il offre avec ce fleuve, c'est que, comme lui, il cache ses sources ; seulement, tandis qu'une grande partie du cours du Nil nous est parfaitement connue, grâce à cette double circonstance que la contrée qu'il traverse est partout d'un accès facile et que lui-même peut être remonté très haut, du Tanaïs nous ne connaissons guère que les bouches (il y en a deux, comme chacun sait, qui se déversent dans la partie la plus septentrionale du Palus Maeotis à 60 stades de distance l'une de l'autre). Au-dessus de ces bouches, maintenant, l'excès du froid et le peu de ressources du pays (inconvénients supportables peut-être pour les indigènes qui ne vivent, comme tontes les populations nomades, que de la chair et du lait de leurs troupeaux, mais auxquels les étrangers ne résistent pas) ont toujours entravé le progrès de nos connaissances. Ajoutons que ces nomades, peu sociables de leur nature, profitaient de ce qu'ils étaient les plus nombreux et les plus forts pour intercepter tous les chemins pouvant donner accès par terre dans leur pays, ou pour empêcher qu'on ne remontât la partie navigable du fleuve, Aussi que n'a-t-on point supposé ? Les uns ont prétendu que le Tanaïs prenait sa source dans le Caucase, que de là il se portait au Nord et qu'après avoir coulé longtemps dans cette direction il se détournait brusquement pour aller se jeter dans le Palus Maeotis (Théophane de Mitylène lui-même se range à cette opinion) ; les autres ont fait du Tanaïs un bras du haut Ister, mais sans produire aucun indice certain d'une origine aussi lointaine et aussi excentrique, et sans paraître se douter que le Tanaïs pouvait tout aussi bien avoir ses sources situées à peu de distance dans le nord.”

Géographie de Strabon / L'Asie - Livre XI - Le nord de l'Asie, Caucase, Arménie / Chapitre II - La Méotide et la Colchide / Traduction de Amédée Tardieu, Hachette, Paris, 1867.


3  Livre des Jubilés, VIII - IX

VIII, 10… ils répartirent la terre en trois lots, pour Sem, Cham et Japhet… 11 NOË appela ses enfants, ils s’approchèrent de lui, eux et leurs enfants, et il répartit la terre…

12 …à partir des monts Riphées, à partir de la source du fleuve Tanaïs, sa frontière qui est le milieu du fleuve va vers l’ouest  … Tout ce qui est au nord appartient à Japhet et tout ce qui est au sud appartient à Sem…

IX, 2 Sem lui aussi divisa son territoire entre ses fils…la première part échut à Elam et à ses fils : la région à l’est du fleuve Tigre, jusqu’à atteindre l’orient de toute la terre de l’Inde… toute la mer Erythrée, jusqu’au fleuve Tanaïs.

3  A Assur échut la deuxième part : Tout le pays d’Assur, Ninive, et Sinear jusqu’à proximité de l’Inde. Sa frontière remonte et longe le fleuve Tanaïs.

7 …Japhet lui aussi divisa entre ses fils le territoire dont il avait hérité. 8 La première part échut à Gomer, à l’est, depuis le nord du fleuve Tanaïs. Dans le nord, toute la région intérieure échut à Magog, jusqu’à atteindre la mer Méotide. …

extrait de “La Bible – Ecrits Intertestamentaires”  nrf  Gallimard 1987, Bibliothèque de la Pléiade


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